Le 11 juillet 711, les disciples de Mahomet, au nombre de quelques centaines, défont les troupes de Rodrigue, le roi wisigoth qui règne sur l'Espagne chrétienne.
Si modeste qu'elle soit, cette bataille de Guadalete va livrer aux musulmans la plus grande partie de la péninsule ibérique pour près de sept siècles.
André Larané.
Fin du royaume wisigoth
Les Wisigoths, une tribu germaine venue d'au-delà du Rhin trois siècles plus tôt, avaient d'abord créé un royaume autour de Toulouse. Ils en avaient été chassés par Clovis et ses Francs et s'étaient dès lors repliés sur la péninsule espagnole. Au fil du temps, ils avaient fait de la péninsule un royaume chrétien relativement prospère.
Mais voilà qu'à l'aube du VIIIe siècle, Wittiza, un roi wisigoth, est démis de ses fonctions. De dépit, il appelle à l'aide un seigneur musulman du Maghreb, l'émir de Tanger Mousa ibn-Nocair. La chose est moins surprenante qu'il y paraît car les chrétiens d'Occident ont encore à cette époque une notion très floue de l'islam et le voient plutôt comme une secte chrétienne que comme une religion rivale.
Mousa ibn-Nocair ne se fait pas prier et envoie à son nouvel ami un corps d'armée berbère commandé par un jeune chef, Tarik ibn Zyad.
C'est ainsi qu'en avril 711, 6000 guerriers, essentiellement des Berbères, débarquent en Espagne. Le lieu du débarquement est un rocher qui prendra le nom de Gibraltar (d'après l'arabe «djebel al Tarik», la montagne de Tarik). Tirant parti de l'impopularité des Wisigoths et faisant peu de cas de Wittiza, les musulmans s'emparent sans difficulté d'Algérisas et s'avancent vers Cordoue et l'intérieur des terres. Ils se heurtent bientôt à l'armée du roi Rodrigue.
La rencontre est dite bataille de Wadi Lakka par les chroniqueurs arabes et bataille de Guadalete par les historiens espagnols. Mais l'incertitude plane sur sa localisation exacte. Soit sur les rives du Guadalete, un fleuve qui se jette dans la baie de Cadix, soit sur celles du fleuve Guadarranque, soit encore sur les bords de la lagune La janda, traversée par la rivière Barbate.
Bien que les Wisigoths soient très supérieurs en nombre aux envahisseurs, la victoire revient à ces derniers suite à la trahison des deux frères de Wittiza. Le roi Rodrigue périt dans l'affrontement.
Tarik n'a plus beaucoup de mal à s'emparer des villes méridionales, Cordoue, Séville, Grenade... Il est rapidement rejoint par l'émir Mousa, désireux de s'approprier le festin. Les vainqueurs soumettent rapidement la plus grande partie de l'Espagne. En quelques années, la résistance chrétienne est balayée. Elle ne subsiste que dans quelques vallées isolées de la chaîne cantabrique, à l'extrême nord de la péninsule.
Les envahisseurs, dans la foulée, traversent les Pyrénées. Mais ils se heurtent à Toulouse au duc d'Aquitaine. La victoire de ce dernier redonne courage aux Wisigoths réfugiés dans la chaîne cantabrique. Leur chef Pélage bat les musulmans à Covadonga, près d'Oviedo. Cette bataille symbolise le début de la reconquête de la péninsule par les chrétiens (la «Reconquista»).
Une pause dans l'avancée de l'islam
Après leur occupation de l'Espagne et leur incursion en Gaule en 732 (bataille de Poitiers), les musulmans marquent une pause dans leurs conquêtes en Occident comme en Orient où leurs offensives se brisent à deux reprises sur les murailles de Constantinople, la prestigieuse capitale de l'empire byzantin, en 673-677 et 717.
Leur progression reprend vers l'Asie centrale deux siècles plus tard, à l'initiative des Turcs et non plus des Arabes.
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