Ai Weiwei: "La peur en Chine vient de l'absence de protection juridique pour les citoyens qui font usage de leurs libertés de pensée et d'expression".
afp.com/Peter Parks
L'artiste contestataire chinois dénonce l'absence de protection pour les citoyens qui font usage de leur liberté d'expression. Mais refuse de quitter son pays, même s'il avait une vie meilleure à l'étranger.
Avez-vous peur?
Bien sûr, j'ai très peur. Pas parce qu'ils sont forts spirituellement ou puissants. La peur vient de l'absence de protection juridique pour les citoyens qui font usage de leurs libertés de pensée et d'expression. Cela a été le cas pour la génération de mon père et les autres depuis soixante ans, et cela reste vrai aujourd'hui. Quels changements souhaitez-vous?
Il faut une justice indépendante plutôt qu'au service d'un groupe défendant ses propres intérêts
Pourquoi les Chinois ne s'interrogent-ils pas davantage?
Ils s'interrogent, sous différentes formes. Aujourd'hui, pour s'exprimer, il n'est pas nécessaire d'aller manifester dans la rue. Nous avons Internet et les gens expriment leur compassion, leur soutien, leurs idées par différents moyens. Pas besoin de brûler une voiture ou d'occuper un lieu. M'avoir donné 9 millions de yuans en quelques jours est une manière de parler. Que faire d'autre, quand le gouvernement peut vous faire disparaître sans explication puis lancer contre vous de fausses accusations? Se faire arrêter? Vous reste-t-il du temps à consacrer à l'art?
Je ne me soucie pas trop de cela, car, quoi que je fasse, cela renforce ma vision du monde et une forme d'art sortira de ce type de lutte. Si j'éprouve le besoin de réaliser de nouvelles oeuvres, elles seront différentes, car nous vivons dans un monde qui a changé. Je n'ai jamais vraiment séparé mon combat de mon art. Pensez-vous à quitter la Chine?
J'aurais probablement une vie meilleure, mais je ne veux pas abandonner les jeunes, ceux qui ne peuvent pas partir ni se faire entendre. En clair, je resterai, sauf si l'on m'imposait ici des conditions de vie extrêmes. C'est parce que c'est difficile que cela a un sens.
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